LE
GROUPE
En moins de six mois, les premiers retours sur mon 9e polar. Surtout de la part de
nouveaux lecteurs. Ce roman est bien reçu comme l'avait été « Soleil de nuit ».
Pour
ceux qui me retrouvent, à l'occasion des salons de l'été, l'attention se porte
toujours sur l'intrigue, les personnages, la diversité du décor, mais ils
apprécient aussi le retour du commandant
Leonetti. Ils ont là ce personnage récurrent qu'ils me réclamaient depuis
longtemps. Un lien est ainsi établi avec, un peu, « Le livre perdu »,
mais, surtout « L’aube dorée « et « Out of the blue ».
Mais
ce qui me paraît le plus important, c’est qu’ils comprennent mes choix, c'est à dire, en fait,
ma conception du polar.
Chaque
auteur de récit policier, de thriller, écrit pour un lectorat déterminé. Ce
lectorat peut rejoindre celui d’un autre auteur. Mais, le plus souvent, c’est
parce que les perceptions du polar sont voisines.
Les
lecteurs qui hésitent à acquérir mes livres, le font parce qu’ils ont l’impression
que les « voyages » que je propose à travers le récit ne sont là
que pour masquer le caractère
superficiel de l’intrigue. Je les invite, alors, à découvrir un roman plus ancien, de manière à ce qu'ils voient que l'arrière-plan occupe une fonction non anodine et joue un rôle spécifique dans la construction du roman. Tout comme les références musicales, dont j'ai exposé ailleurs la fonction métaphorique.
Les lecteurs fidèles ont, maintenant, compris ma démarche. Les nouveaux, s'ils "accrochent" au style, à ma façon de raconter une histoire, le
feront ensuite, naturellement.
Cela commence déjà.
Car
démarche, il y a. Faire passer le lecteur du Var et du Lubéron à une île
grecque, en bifurquant par l’Europe centrale, comme de l'emmener en
Norvège jusqu’au Cap Nord, ce n’est pas confondre le récit avec un dépliant
touristique. Il s’agit, en fait, de développer une intrigue, un récit
intéressant, qui tient le lecteur en haleine, à travers des lieux qui jouent un
rôle important dans le fil du récit. Mais, aussi, s’il veut aller plus loin, l’amener
à réfléchir sur l’histoire de ces régions (par laquelle s’éclairent certains
mécanismes du récit, certaines zones de l'intrigue), et, surtout de se pencher sur l’évolution de notre
Europe, et des pièges qui lui sont tendus, avec la dégradation de son tissus
économique et social et l’apparition de nouvelles formes de criminalité, l’émergence
des nouvelles mafias et leur facilité à se couler dans les fragilités de nos
sociétés.
Avec
« Le groupe », je prolonge l’évocation des métamorphoses des groupes
d’extrême-gauche depuis l’après 68, idéalistes et plein d’espoir, jusqu’aux
dérives d’aujourd’hui.
Ainsi,
tout en admirant les Camilleri, Montalban, Markaris, Khadra, par mes doubles
racines méditerranéennes, entre Provence et mer Egée, je me sens également
assez proche de Thierry Jonquet et de sa vision pessimiste de nos sociétés européennes.